Communiquer ou se taire : tout un art dans le recrutement

De l’art de manier le silence en recrutement

Dans les métiers pour lesquels nous recrutons, Assistanat comme RH, revient souvent la notion de confidentialité, de discrétion, qui s’appuie sur cette capacité à arbitrer entre communiquer ou se taire.

Depuis quelques années, et particulièrement depuis la grande rupture de 2020, la communication orale se tarit, chacun s’abrite derrière son écran, et beaucoup bavardent sur les « réseaux sociaux », bien souvent en oubliant l’élégance de la discrétion, du tact et du recul…

Il est désormais bien plus difficile d’avoir une conversation par téléphone, plutôt que par SMS, d’obtenir un rdv de visu plutôt qu’en visio…

Nos (arrière) grands-mères vantaient la technique de « tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler », nous incitant non pas à parler moins mais à parler mieux tant pour clarifier notre propos que pour ne pas blesser celui à qui on allait s’adresser, et encore moins révéler inopinément un secret bien gardé. C’est aussi ce vieux dicton, extrait du Talmud, « la parole est d’argent, le silence est d’or », qui nous invite à l’écoute qualitative/active et à la parole mesurée.

A notre époque où tout se commente et se vit en temps réel et où les fake news se mêlent sans discernement à la véritable information, il est facile de tomber dans le piège du « je suis libre de penser et de dire ce que je veux, comme je le veux ». On en constate le triste résultat en lisant la violence de certains échanges sur les réseaux, voire même dans les comportements.

Entre la fuite par SMS, la parole spontanée, et le silence, dans un tempo toujours plus rapide où l’impatience règne en maitre, quelle posture adopter ? Que faire de ces sages dictons dans le recrutement ?

Nous avons pour principe, et pour engagement auprès de nos candidats, de donner un maximum d’éléments pour aider ceux-ci à atteindre leur objectif : trouver un nouvel emploi, et de préférence le bon. Cela passe par une présentation exhaustive des postes proposés (la plus exhaustive possible dans la limite des réserves fixées par nos clients), du style de management, de l’atmosphère de travail, et par une discussion ouverte sur les forces et les inconvénients du poste par rapport à leurs objectifs. Sans oublier de laisser aux candidats le temps de mûrir leur réflexion, de creuser leur motivation et de lever leurs points de réserves.

Donc là, indubitablement, la parole est nécessaire, la sincérité aussi.

Lorsque nous sortons d’entretien, nous essayons de conserver un petit temps de feedback afin d’aider les candidats à prendre un peu de recul, à rebooster leur confiance si nécessaire, et à leur éviter de « se prendre les pieds dans le tapis » lors de futurs entretiens. Le feedback est un élément-clé de la confiance mutuelle que nous essayons d’instaurer durablement avec eux. Il est important de savoir alors pratiquer la technique ancestrale de la « réflexion avant parole », afin de ne pas froisser la potentielle susceptibilité de nos interlocuteurs ! Un candidat qui ressort d’entretien confiant et fort de quelques conseils est un candidat mieux armé pour la suite et qui n’aura pas perdu son temps chez nous… nous espérons que vous y croyez autant que nous 😉.

Le silence n’a pas sa place ici.

Enfin, il y a l’étape, si tout se passe bien, et que les planètes sont alignées, de l’entretien chez le client… Charge à nous d’obtenir un feedback constructif et le plus étayé possible afin de le retransmettre à nos candidats, particulièrement si la réponse devait être négative, et ce quels que soient le nombre d’entretiens auxquels il s’est confronté pour le poste (1,2,3 voire 4 entretiens au sein de l’entreprise sont choses courantes).

Souvent, nous y parvenons mais, parfois, le temps s’étire parce que sa perception n’est pas la même suivant l’avancée du process… entreprise désireuse d’avoir rencontré tous les candidats avant de trancher, cabinet à l’affut des informations mais aussi des candidatures complémentaires pour parvenir au recrutement, et candidat, qui attend, qui attend, comptant les jours… interminablement.

Ce silence-là éteint la motivation, érode la confiance, effrite la réputation de l’entreprise et la crédibilité de son management (capacité à se positionner, à prendre une décision, …).

Poser le cadre, donner un délai, rappeler régulièrement, quelle que soit la lenteur du process est alors indispensable pour maintenir l’intérêt de nos candidats dont les critères prioritaires sont de plus en plus l’atmosphère de travail, le respect, la qualité et l’exemplarité du management. C’est essentiel également pour maintenir le dialogue, et raviver la flamme ! !

Alors non, le silence n’est surement pas d’or en matière de recrutement !

Il est même absolument nécessaire et tellement plus productif de communiquer, croyez-en le nombre de nos expériences récentes, de tenir informés pas à pas les candidats sur le process dans lequel ils sont engagés et de, cas échéant, s’ouvrir à eux des lenteurs de celui-ci. Les raisons de ces lenteurs peuvent être multiples, cela peut-être le manque de candidats et la nécessité de leur trouver un compétiteur, des problématiques de diplomatie interne, de procédures à gérer, de restructurations à élaborer… tout est entendable sauf le CRIANT SILENCE qui suscite l’incompréhension.

Nous pouvons tous nous cacher derrière le manque de temps, l’intensité des jours qui s’enchainent sans discontinuer, la volonté de tenir coute que coute un semblant d’équilibre dans nos vies, mais peu à peu, c’est la réputation de nos entreprises et de nos cabinets qui est en jeu, c’est l’image de nos métiers de recruteurs qui s’écorne et qui perd de son lustre, c’est enfin la motivation des candidats qui s’évapore avec la confiance en eux et/ou leur colère légitime qui enfle !

Dans le recrutement, quelle que soit la position que l’on occupe dans l’équation, la communication est une discipline nécessaire à laquelle il faut essayer de se tenir : la juste parole est d’or ; la transparence est souvent un allié fidèle dans la durée, préservant des relations que l’on sera peut-être heureux de retrouver plus tard, sans précaution ou mauvaise pensée. À chacun de nous d’y prêter attention et d’accorder notre tempo !

Pascal

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